tiaen tiamen signifie « moi et nous » en langage paiwan, une ethnie indigène du sud-est de Taïwan. Sur une musique électro psychédélique et plongés dans une ambiance visuelle faite de projections vidéos et de lasers, les danseurs racontent la jeunesse et l’exploration de soi, dans un juste équilibre entre culture aborigène et visions futuristes.
Le chorégraphe Bulareyaung Pagarlava – fondateur de la Bulareyaung Dance Company en 2015 – est d’origine paiwan, une ethnie des peuples aborigènes de Taïwan. C’est à cette identité culturelle qu’il a souhaité se confronter avec tiaen tiamen, premier volet d’une trilogie consacrée aux trois âges de la vie identifiés par sa culture : pulima (la jeunesse), puqulu (l’âge moyen) et puvarung (la vieillesse). La sève de la jeunesse irrigue une pièce à la fois ancrée dans la tradition et tournée vers un univers neuf, fantastique et électrique, qui libère l’énergie des interprètes. tiaen tiamen signifie “moi et nous”, comme pour dire que chacun est un 1 unique mais aussi un 0 en harmonie avec l'univers. Ici, on tend les mains pour palper et tout ce qui est touché se mue en un nouveau monde sans limite.
Pour l’imaginer, le chorégraphe s’est associé à deux artistes qui renouvellent en profondeur leur héritage paiwan : l’autrice compositrice ABAO revisite les anciens chants avec des arrangements électroniques et le jeune artiste visuel reretan pavavaljung perpétue une tradition fondée sur l’absence de système d’écriture, en utilisant des motifs paiwan dans ses peintures numériques et créations graphiques. Immergés dans cet univers psychédélique où se brouillent les frontières entre musique expérimentale, danse moderne, arts multimédia et aborigène, les interprètes créent un langage corporel unique où s’expriment la joie et la liberté de l’enfance, l’épanouissement de l’individualité et la révolte face au conformisme de la société.
Vincent Théval