Porté par son obsession pour les livres de chevalerie, Alonso Quichano s’improvise chevalier errant et parcourt l’Espagne pour combattre le mal, qu’il voit un peu partout – y compris dans d’inoffensifs moulins. L’histoire est bien connue, du grand roman écrit par Miguel de Cervantès au début du XVIIe siècle. Lui aussi armé de ses propres fictions littéraires, Gwenaël Morin s’attaque à ce monument, aux côtés de Jeanne Balibar, Thierry Dupont et Marie- Noëlle Genod.
Mais à rebours de la vision douce qui en est souvent donnée, le metteur en scène propose une lecture au plus proche d’un texte où Quichotte est victime d’une succession effrénée de brutalités et d’humiliations, parfois infligées gratuitement pour jouir de sa crédulité et de son aveuglement. Or si les effets de sa résistance sont dérisoires et vains, sa folie est nécessaire, libératrice et saine. Quichotte est le deuxième volet du cycle Démonter les remparts pour finir le pont, initié avec le Festival d’Avignon et inauguré avec un inoubliable Le Songe, présenté à La Villette à l’automne 2023. Ou comment raconter des histoires intenables qui nous libèrent.