L’une des pièces majeures du chorégraphe Ohad Naharin entre au répertoire du Ballet de l’Opéra de Lyon. Sa singularité et sa beauté ravageuse traversent intactes les années.
Créée en 2015 par le chorégraphe résident de la Batsheva Dance Company,
Last Work marque à la fois la quintessence de son style et un pas de côté. Danser comme si c’était la dernière fois, c’est ainsi qu’il faut comprendre son titre, puisque ce n’est pas l’ultime création d’Ohad Naharin.
Elle s’écrit avec le vocabulaire qu’il a inventé, le Gaga, fait d’ondulations noueuses et de contorsions agiles semblant irradier le corps depuis les hanches et le ventre.
Danseuses et danseurs s’en emparent d’abord au fil d’une série de solos.
C’est l’une des singularités d’une pièce qui accorde davantage de places aux individualités des interprètes, avant de laisser le groupe prendre le relais.
L’autre particularité de Last Work, c’est qu’elle est sans doute la moins narrative des œuvres du chorégraphe.
Onirique, crépusculaire et inquiétante, elle convoque des images où passe l’ombre des conflits au Moyen-Orient.
De la berceuse à la techno, les musiques tout en contrastes découpent des scènes où se succèdent les métaphores à décrypter.
À l’omniprésence des violences, aux logiques d’emprise et à la solitude répondent l’énergie vitale de la fête et la tendresse qui résistent.