Selon Jaha Koo, une recette de cuisine recèle un pouvoir alchimique, capable d’incarner et de transformer l’héritage d’une famille, les mythes d’une région, l’identité d’un pays.
Depuis vingt ans, la Corée du Sud mène ainsi une politique volontariste pour exporter sa culture à l’international, plaçant la gastronomie au centre de cette stratégie d’influence.
Pour ce faire, les traditions culinaires sont simplifiées, adaptées aux goûts occidentaux, et ce fantasme affadi se trouve finalement imposé aux Coréens eux-mêmes.
Afin de décortiquer les multiples enjeux de la nourriture, Jaha Koo transforme la scène en pojangmacha, du nom de ces échoppes qui peuplent les rues de Séoul.
Combinant cuisine, écriture documentaire, vidéos et musiques originales, il continue d’inventer des formes hybrides : partant de son histoire intime, il semble bientôt s’absenter pour laisser la place aux robots qu’il construit depuis son spectacle Cuckoo. À son théâtre politique se mêle alors la tendresse d’un nouvel animisme technologique.
Victor Roussel