De l’histoire tragique de Didon et Énée et du chef-d’œuvre qu’elle a inspiré au compositeur Henry Purcell, Blanca Li tire une interprétation chorégraphique et plastique d’une fascinante liberté. Une fable à la fois intemporelle et contemporaine, portée par dix danseurs, où le clair-obscur renforce le climat de magie et d’intimité.
L’amour entre Didon, reine de Carthage, et Énée, futur fondateur de Rome, reste l’un des passages les plus émouvants de l’Enéide de Virgile. Dans le livret qu’il en tira pour le fameux opéra d’Henry Purcell (1689),
Nahum Tate prit pourtant soin de gommer les principales péripéties pour laisser la musique déployer sa pleine puissance évocatrice.
Un parti pris libérateur pour la chorégraphe Blanca Li, qui s’est à son tour attachée à souligner par la danse les non-dits de la musique et du texte, en faisant résolument primer le symbolisme sur le réalisme.
Sur la version enregistrée par Les Arts Florissants, elle livre de cet opéra, l’une des plus hautes expressions du tragique de la passion amoureuse, une interprétation chorégraphique et plastique d’une fascinante beauté, qui en souligne la force intemporelle.
De l’amour malheureux entre Didon et Énée, du suicide de Didon, alimenté par la renommée (la « fama »), qui communique immédiatement au peuple et aux dieux la nouvelle de leurs amours impossibles – comme aujourd’hui les réseaux sociaux propagent aveuglément la moindre rumeur –, Blanca Li crée une fable visuelle d’une palpitante fantaisie.
Henry Purcell